Amélie Nothomb rédactrice en chef pour Var-Matin (7 octobre 2010)

La romancière prend les rênes de votre journal. Dans la peau d’une rédactrice en chef, elle commente, de manière décalée, l’actualité locale et nationale

Arrivée à pied avec petit sac à dos mais sans chapeau, Amélie Nothomb prend place au siège de rédacteur en chef de Var-matin à 11 h. Visiblement impressionnée par l’ampleur de la tâche, elle est dans ses petits souliers - des Converse élimées - à l’heure de commenter l’actualité. Plutôt surprise d’avoir été précédée par Marine Le Pen (notre « Rencontre avec la rédaction » d’hier), l’auteure belge s’abstient de tout commentaire pour embrayer sur son affection à l’égard de la presse régionale. « Ado, je lisais La Libre Belgique. Déjà une façon de me singulariser par rapport à mes parents qui achetaient Le Soir ».

Fan de faits divers

Fidèle au personnage, celle qui signa Hygiène de l’assassin confie sa fascination pour les faits divers. « Ils sont souvent extraordinairement romanesques. La rubrique nécrologique aussi. Quelque chose d’inspirant et souvent surréaliste s’en dégage! », ose-t-elle.

Amusée, elle commente l’une de nos caricatures qui la représente en « duel rentrée littéraire » face à Houellebecq. « Je l’ai croisé une fois en soirée. L’unique comparaison entre nous porte sur le nombre de verres que l’on a bu. Et j’étais battue! », plaisante la romancière.

Humour, modestie, ouverture d’esprit et curiosité rythmeront ses commentaires en rapport avec l’actualité varoise du jour. Amélie a beau avouer ne pas être experte, sa prosodie a l’art de faire mouche autant que sa plume. Le tout associé à une gentillesse désarmante - vérifiée l’après-midi même au cours d’une séance-dédicace marathon - il était bien légitime de décerner un vibrant « Chapeau! » à ce phénomène d’édition préservée de toute grosse tête.

Amélie Nothomb rédactrice en chef pour Var-Matin (7 octobre 2010) Nothom10

Amélie Nothomb rédactrice en chef pour Var-Matin (7 octobre 2010) Nothom10

L'article :

Issue de l’aristocratie belge(1), Amélie Nothomb est depuis près de vingt ans l’incontestable reine des rentrées littéraires. Son 19e ouvrage, Une forme de vie n’échappe pas à cette règle rythmée au métronome : déjà 75000 exemplaires vendus en six semaines. La princesse d’Albin Michel rencontrera ses lecteurs varois mercredi, à Toulon (2). Désormais rarissime sur les plateaux de télé ou aux micros des radios, la dame à l’incroyable chapeau est l’invitée de la rédaction de Var-matin.

Merci d’avoir accepté d’être rédactrice en chef d’un jour de Var-matin. Connaissez-vous le Var et le Sud de la France?
Je ne suis venue qu’une seule fois à Toulon, en 1999. Comme tous les Belges, le Sud de la France me fait rêver. Nous avons en tête les images merveilleuses des films d’Hitchcock. Nous pensons que c’est une terre de rêve. A juste titre.

Quel regard portez-vous sur l’actualité?
Je lis le journal. Pas assez, sans doute, mais tout de même... Mon dernier livre, Une forme de vie, part d’un article lu dans un journal américain (NDLR : Philadelphia Daily Report) : c’est une preuve. Nous n’avons pas le droit de prétendre vivre en dehors de l’actualité. Sinon c’est qu’on est fou.

Quels sont les sujets qui vous intéressent?
Je n’ai aucun mépris pour le sport mais je n’y connais rien... La vie locale peut être parfois assez drôle. Je me souviens d’un titre à la une d’un journal local belge sur « Un âne embourbé ». Les nouvelles peuvent laisser perplexe parfois.
La Belgique est au cœur de l’actualité depuis quelques mois. Le pays est-il vraiment au bord de la crise de nerfs?
Oui mais je veux être optimiste. Certes le spectacle est dommage et en période de crise économique grave nous n’avions pas besoin de cela. Un si petit pays qui ne parvient pas à s’entendre... Mais je ne crois pas en l’éclatement de la Belgique. Vous savez c’est comme ces couples qui annoncent chaque jour leur divorce et qui finissent par mourir dans les bras l’un de l’autre.

Votre actualité c’est la sortie de votre 19e livre. Que pense Amélie du dernier Nothomb?
Je suis la plus mal placée pour en parler. Une bonne mère ne peut pas préférer l’un de ses enfants.

Une forme de vie recèle moins de cruauté que Stupeur et tremblements ou Acide sulfurique...
Oui en effet, mais ce soldat américain vit déjà des circonstances tellement dures qu’en effet il n’y a pas de cruauté. En revanche il y a de l’ironie.

Plus que jamais le lecteur s’interroge sur la part de vérité d’un roman qui raconte un échange épistolaire avec un soldat américain. On connaît votre attachement à répondre aux courriers de vos lecteurs. Rien n’est vrai. À part le fait qu’il existe bien un écrivain qui s’appelle Amélie Nothomb qui répond aux lettres des lecteurs. Je dois dire que je ne réponds qu’au courrier intéressant contrairement à ce que l’on dit souvent. Enfin, je n’ai jamais correspondu avec un soldat américain.

Vous vous dites volontiers “enceinte” de vos romans. Quel sujet portez-vous actuellement?
Je ne pratique pas l’échographie!

La rentrée littéraire c’est 700 livres publiés! Qu’en pensez-vous?
Je ne fais pas partie des gens que cela choque. J’espère qu’ils auront tous le destin qu’ils méritent. Il ne faut pas non plus lire toujours les mêmes auteurs! Même si cela me fait plaisir d’être lue, ne lisez pas que moi (rires). Il y a par exemple une jeune auteur, Stéphanie Hochet qui vient de sortir La Distribution des lumières, chez Flammarion. C’est un livre passionnant qu’il faut absolument découvrir.

Pourquoi ne publiez-vous qu’à la rentrée?
C’est une sorte de fatalité statistique! Mais rien ne m’y oblige en effet. C’est un rythme constant. Un peu comme une symphonie de Bach. Et puis je suis traduite en 42 langues ce qui me fait 42 rentrées nationales!

Dont le Japon!
Oui, même si je n’assure plus la promotion de mes livres au Japon. Je ne parle plus aux journalistes nippons qui ne peuvent s’empêcher de me poser des questions sur Stupeur et tremblements!
La proximité de l’attribution du Goncourt est un hasard...
Je fais le pari, très élevé, que je ne l’aurai jamais (3)!

Vous êtes trop célèbre pour cela...
Oui sans doute.

En 1999 vous avez eu le prix de l’Académie française. Siégerez-vous un jour sous la Coupole?
(Rires) Je ne crois pas! Je suis quelqu’un qui aime s’amuser et je pense que les académiciens sont des gens très sérieux.

L’immortalité n’est pas un fantasme nothombien?
(Rires) Certainement pas, non.

Source : http://amelienothomb.forumactif.com/studio-f3/video-toulon-librairie-charlemagne-06102010-t2449.htm#45933

merci d' avoir recopier l' article MRS lovett Smile

l' article est très intéressant

de rien! j'aurais aimé avoir le journal entre les mains!

Mrs Lovett a écrit:: de rien! j'aurais aimé avoir le journal entre les mains!

moi aussi

surtout qu'Amélie s'intéresse à des sujets pas importants mais souvent drôles!

» 7 jours : Amélie, un appétit pour la correspondance
» Amélie Nothomb fend(enfin) l'armure, Lire (septembre 2010)
» Le Matin - 14 août 2010
» Amélie pour Nord éclair (4/11/10)
» Le journal d'Amélie Nothomb