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 Nicematin.com (3/10/2012)

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Mrs Lovett
Admin' dont la tonne de chocolat blanc ingurgitée par an n'égale pas celle d'Amélie Nothomb...
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Mrs Lovett


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MessageSujet: Nicematin.com (3/10/2012)   Nicematin.com (3/10/2012) EmptyMer 3 Oct - 19:12

Invitée d’honneur du Festival du livre de Mouans-Sartoux qui se tiendra ce week-end, l’écrivain viendra accompagnée de son 21e "bébé", Barbe bleue.

Elle est belge, née au Japon, on rêverait qu’elle soit française. Amélie Nothomb, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, fascine, attire, force l’écoute. Dans son 21e ouvrage publié – le 73e qu’elle a écrit –, elle revisite l’histoire de Barbe bleue qu’a créé Charles Perrault en 1 697. Un livre qu’elle viendra présenter vendredi et samedi au Festival du livre de Mouans-Sartoux. Rencontre avec un écrivain qui accouche de ses livres et qui les nomme ses « bébés ».

Pourquoi avoir choisi de revisiter le conte de Perrault, Barble bleue?

C’est, de très loin, le conte de fées qui me plaît le plus et qui m’obsède depuis que j’ai trois ans, c’est-à-dire depuis la première fois que ma mère me l’a raconté. À trois ans, je ne savais pas que j’allais devenir écrivain. À treize ans, non plus, et c’est là que j’ai lu seule le conte de Perrault. J’ai pu être, donc, de nouveau fascinée, mais aussi indignée. Perrault est tout à fait injuste avec ses personnages. D’abord avec Barbe bleue, qu’il nous présente comme un pur monstre sans aucun élément d’explication. Alors que Barbe bleue était simplement quelqu’un qui avait un secret, et je trouve infiniment digne d’avoir un secret. Et, à l’âge de 13 ans, très jusqu’au-boutiste, j’allais jusqu’à donner raison à Barbe bleue de zigouiller les bonnes femmes. Je trouvais que violer le secret de quelqu’un méritait la mort. Aujourd’hui, je suis moins jusqu’au-boutiste, je suis contre la peine de mort. Mais, je persiste à trouver que violer le secret de quelqu’un est une action grave et totalement indigne.

Première chose que trouvait parfaitement honteuse dans le traitement de Perrault. Et, deuxième chose qui ne m’allait pas du tout : les femmes. Toutes plus stupides les unes que les autres, incapables de ne pas violer le secret de Barbe bleue et, une fois qu’elles s’étaient mises dans le pétrin, incapables de se défendre toutes seules. Donc, je voulais une version de ce conte qui rende justice aux personnages, tant à Barbe bleu qu’aux femmes.

Barbe bleue est un roman? Un conte?

La question du genre littéraire est toujours une question extrêmement hasardeuse. J’ai remarqué que dans cette question, les gens affectaient de toujours beaucoup s’y connaître, alors que la seule véritable définition du roman qui tienne c’est celle de son étymologie, à savoir «écrit en langue vulgaire», donc en langue populaire.Je pense que mon livre est écrit en langue populaire, et que ce n’est ni du théâtre ni de la poésie, donc, pour moi, c’est un roman.

Comment est née votre nouvelle héroïne, Saturnine Puissant?

Face à Barbe bleue, je voulais une femme qui fasse le poids, pas une mauviette comme dans le conte. Je me suis inspirée de moi débarquant en France il y a vingt ans, à savoir… prête à tout! Peut-être parce que les jeunes femmes belges n’ont pas froid aux yeux. Comme Saturnine, j’aurais accepté cette colocation. Et, du début à la fin, j’aurais tout fait comme elle!

Donc, vous seriez tombée amoureuse de Barbe bleue?

Il a quelque chose de séduisant quand même… Surtout son aspect couturier. Un homme qui coud, ce n’est pas fréquent…

Pourquoi avoir appelé votre héroïne Saturnine?

Ma version du conte est une version alchimique.Dans un roman alchimique, l’héroïne ne peut pas s’appeler autrement que Saturnine. L’étymologie de Saturne c’est le plomb. Dans la quête alchimique, le plomb que l’on s’applique à transformer en or, c’est nous. Il n’y a pas d’intérêt à créer de l’or de manière mercantile. Le but c’est d’atteindre soi-même l’excellence. Il fallait que ce soit le personnage lui-même qui se transforme en or et qui soit, donc, en plomb à la base.

Vous insistez, dans le roman, sur la nationalité belge de Saturnine. On oublie souvent que vous l’êtes vous aussi, peut-être parce que nous aimerions que vous soyez française. Est-ce un moyen de réaffirmer votre nationalité?

(Rires) Oui, tant qu’à faire, c’est aussi ça. J’ai conscience que les Français me font un très grand compliment en voulant m’attribuer leur prestigieuse nationalité et j’y suis très sensible. Mais, quand même, il est bon de rappeler que je suis belge.

Le droit au secret est au cœur de votre roman. C’est une notion importante pour vous. Mais, est-ce que Barbe bleue, par amour, n’aurait-il pas pu pardonner la faiblesse de curiosité de ces femmes?

Pour moi, violer le secret de quelqu’un est vraiment le contraire d’un acte d’amour. Je sais que tout le monde n’est pas d’accord avec moi là-dessus. J’ai reçu beaucoup de lettres. On accuse les femmes de curiosité malsaine, mais les lettres de protestation que j’ai reçues venaient au contraire de jeunes hommes, qui me disaient : «Mais non, quand on aime quelqu’un, on a besoin de savoir son secret».

Cela m’a indignée qu’ils croient avoir le droit d’aller fouiller dans ce qu’ils n’ont pas le droit de fouiller, sous prétexte qu’ils sont amoureux. C’est le comble de l’irrespect, c’est un crime contre l’amour. Vraiment, je suis capable de beaucoup d’indulgence pour bien des choses en amour. Je pardonne peut-être des choses que personne d’autres ne pardonnerait… Mais pas ça!

Barbe bleue aurait-il pu être une femme?

Je pense que oui. Apparemment, aujourd’hui, ça aurait eu encore plus de sens, car la curiosité malsaine est plus représentée aujourd’hui chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes. Donc, on pourrait tout à fait inverser les sexes.

Avez-vous, vous aussi, comme Barbe bleue, une chambre noire?

Bien sûr. Dans mon cas, c’est une chambre noire métaphorique. Je n’ai pas encore les moyens de m’offrir une chambre noire qui soit une vraie pièce de ma maison, je ne désespère pas d’y parvenir. Je rêve que nous ayons tous le droit et les possibilités immobilières d’avoir une vraie chambre noire. Mais à défaut, il est indispensable que nous préservions tous notre chambre noire métaphorique. La quête a l’air d’aller de soi, mais pas du tout… Nous n’avons jamais vécu une époque où les secrets sont aussi menacés qu’aujourd’hui. Il y a Internet, mais pas uniquement. La politique s’en mêle aussi terriblement, par exemple avec les caméras de surveillance qu’on nous impose de plus en plus. Elles ne nous protègent pas du tout contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire et, au contraire, nous menacent et menacent nos secrets.J’ai l’impression qu’aucune époque n’a jamais été aussi hostile au secret qu’aujourd’hui. On est en train de prendre le chemin du mode de vie américain, à savoir qu’on a absolument tous les droits pourvu qu’on dise tout, pourvu qu’on soit totalement transparent. Moi, ça ne me va pas du tout. D’abord, je ne suis pas sûre qu’on ait tous les droits. Je crois surtout qu’on a le droit de ne pas tout dire.

D’ailleurs, vous dites beaucoup de choses sur votre processus d’écriture mais très peu sur votre vie privée…

J’ai bien conscience de mes territoires. Il y a des territoires que je suis prête à partager et ça ne déplaît pas du tout d’en parler. Mais à côté de cela, j’ai mes territoires à moi, et si je vois quelqu’un qui fait mine de s’y aventurer ou de s’en approcher, je montre les dents!

A-t-on différentes chambres noiresselon les personnes que l’on côtoie?

On a des chambres noires pour absolument tout le monde. La personne sur terre qui sait le plus de choses de moi, c’est ma sœur, et même pour elle, j’ai encore une chambre noire. Il n’existe pas de rapports humains, même les plus fusionnels et les plus beaux, surtout pas les plus fusionnels et les plus beaux, sans une chambre noire. C’est inévitable.

Vous parlez beaucoup de couleurs dans votre livre…

J’ai écrit, lorsque j’avais 18 ans, un traité métaphysique des couleurs – qui n’a jamais été vu par personne, évidemment – mais qui est vraiment devenu une obsession. Il s’agissait d’examiner le pouvoir métaphysique de chaque couleur. Je m’étais isolée dans le noir et je matérialisais les couleurs dans le noir pour voir leur impact. C’est là, qu’à mon grand étonnement, j’ai vraiment découvert que la couleur jaune était la couleur métaphysique par excellence, celle dont le rayonnement métaphysique était le plus fort. Ça m’a beaucoup étonnée parceque, à priori, ce n’était pas du tout une couleur qui m’attirait. J’ai ensuite étudié les couleurs dans chaque mythologie, religion, littérature et art et j’ai découvert une vraie concordance autour de la couleur jaune. Ça m’a beaucoup hantée et il m’a fallu beaucoup de temps pour que ça remonte à la surface.

Le jaune est-il très présent dans votre vie?

Non, pas vraiment. Je n’en porte jamais, ça me va très mal… Et, il n’y a pas beaucoup de jaune autour de moi. Le seul jaune qui m’entoure, c’est sous la forme de l’or, dans sa variété viel or. C’est le seul jaune que j’ai pu apprivoiser pour vivre avec lui.

Les couleurs occupent une grande place dans votre livre, et pourtant vous ne portez que du noir…

Être toujours en noir est une facilité, on ne se pose pas de questions le matin, on est absolument sûre que tout ira avec tout. C’est l’assurance d’être élégante sans beaucoup réfléchir.

Ensuite, comme c’est moi qui fais la lessive à la maison, et que chez moi, tout est noir, même les draps sont noirs, ça me permet de n’acheter qu’une seule marque de lessive…

C’est vrai que j’aime énormément la couleur, mais pas sur moi. À l’exception du rouge à lèvres et de quelques chapeaux… J’aime justement sertir la couleur. Être toujours vêtue de noir, c’est avoir l’assurance que toute couleur qu’on côtoiera sera sublimée.

Que l’on vous aime ou que l’on ne vous aime pas, tout le monde attend la sortie de vos livres en septembre. Comment expliquez-vous cette attente, ce succès?

L’explication, je me casserai bien la tête à la trouver… Les lettres que je reçois vont dans toutes les directions. Elles contiennent beaucoup d’affection et beaucoup d’estime. Ça me touche énormément, mais il n’y a pas d’explication. Finalement, c’est comme dans les histoires d’amour ou d’amitié, on ne sait pas…

Vous êtes belge, née au Japon et on rêverait que vous soyez française… Alors qu’y a-t-il de plus belge, de plus japonais et de plus français en vous?

Ce qu’il y a de plus belge en moi c’est mon attirance pour le grotesque. C’est très belge et il faut dire que le grotesque est bien représenté en Belgique.Ce qu’il y a de plus japonais en moi c’est mon culte de la beauté. Et la beauté est, de fait, très bien représentée au Japon et s’il y a un pays sur terre qui a élevé un véritable culte à la beauté c’est le Japon.Quand à ce qu’il y a de plus français en moi, c’est une question que l’on ne m’a jamais posé. C’est fascinant… (elle réfléchit). Ma réponse va peut-être être très prétentieuse et j’espère que vous ne m’en voudrez pas. En même temps, c’est un éloge que je fais à votre pays et un éloge qu’il mérite certainement et que, peut-être, je peux reprendre à mon compte… Une certaine rapidité mentale. Voilà peut-être une chose qui est française en moi. J’observe très fort cette différence de vitesse entre la Belgique et la France. Quand on pose une question à un Belge, ça met du temps avant que la réponse arrive…

Source : http://www.nicematin.com/foires-et-salons/amelie-nothomb-l%E2%80%99epoque-est-hostile-aux-secrets.1008078.html
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