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 Vogue allemand (mars 1996)

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Mrs Lovett
Admin' dont la tonne de chocolat blanc ingurgitée par an n'égale pas celle d'Amélie Nothomb...
Admin' dont la tonne de chocolat blanc ingurgitée par an n'égale pas celle d'Amélie Nothomb...
Mrs Lovett


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Localisation : Chez Meert avec Amélie

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MessageSujet: Vogue allemand (mars 1996)   Vogue allemand (mars 1996) EmptyMar 21 Déc - 12:59

L'interview entre Mylène et Amélie :










C'est avec un pas
plein d'entrain qu'Amélie Nothomb entre dans la suite de
l'hôtel parisien " Le Crillon " où elle a
rendez-vous pour un entretien avec Mylène Farmer. La
chanteuse est déjà là.
Amélie déborde d'énergie.
Mylène paraît timide et fragile.
L'écrivain raconte à quel point elle s'est
réjouie de cette rencontre :
" Lorsque 'Vogue' m'offrit la possibilité de rencontrer la
personne de mon choix, je n'ai pas hésité une
seule seconde. "
Les deux jeunes femmes rapprochent spontanément leur
fauteuil ; toutes deux parlent d'une voix basse.


A.N. : Je me
souviens très bien de la première fois
où j'ai entendu votre musique. C'était en 1986,
pendant les vacances de Noël. Ma cousine entonna " Libertine
". Je n'avais encore jamais entendu cette mélodie. Comment,
me dit-elle, tu ne connais pas Mylène Farmer ? Je suis
depuis une fan de vos clips. Vous êtes, pour moi, le
chanteuse aux clips les plus beaux et talentueux.

M.F. : Et moi j'ai lu vos livres. C'est pourquoi j'ai
accepté de vous rencontrer.


Je le sais. J'ai
découvert, grâce à vous, un auteur qui
m'a beaucoup impressionné ; vous avez
précisé, lors d'une interview, que vous aimiez
Luc Dietrich.

Ce sont mes livres de chevet.


C'est un des rares
auteurs qui écrit comme un enfant sans se ridiculiser. J'ai
moi-même décrit mon enfance dans " Le Sabotage
Amoureux ", mais non de la manière dont je l'aurais
souhaité.

J'ai écrit des chansons sur l'enfance, en particulier sur la
crainte de grandir.


Dans votre chanson
" Plus Grandir ", vous évoquez le désir de rester
une enfant.

Je ne peux moi-même l'expliquer, mais je n'en subis
aucunement un traumatisme. J'ai vécu au Québec
jusqu'à l'âge de 9 ans; il ne me reste de cette
époque que le souvenir très marquant de la neige.


La neige
apparaît dans vos clips de façon ininterrompue
ainsi que votre film. Je regrette de ne pas avoir eu la
possibilité de voir " Giorgino ". Il ne fut
projeté à Paris que pendant deux semaines et
comme je vis à Bruxelles, je l'ai manqué. Je
connais cependant presque tout sur ce film car j'ai
dévoré tous les articles le concernant. Je suis
persuadée qu'il est exceptionnel même si beaucoup
de critiques prétendent le contraire. Je
considère Laurent Boutonnat, le réalisateur,
comme un génie.

Notre film a subi des critiques extrêmement brutales. Nous
savions d'avance qu'ils le mettraient en pièce avant sa
sortie. La principale critique étant qu'il s'agissait d'un
long clip.


Je rêve
d'un clip de deux heures !

Le maquillage, les costumes, la lumière ; toutes les
techniques existantes ne sont pas exploitées par le
cinéma. Le jeu de scène est, par ailleurs,
primordial. J'interprète soit mon propre rôle,
soit celui d'un autre, j'écris également les
paroles de mes chansons. Ce sont les façons de m'exprimer.


Cela m'a
frappée, vous vous déguisez souvent et cependant,
vous passez pour une artiste particulièrement
discrète.

Lorsque je montre ma nudité ou lors de photos sexy, les
journalistes me dépeignent comme une
dévergondée sans aucun mystère. Cela
leur paraît paradoxal que je sois si discrète
d'ordinaire et beaucoup attendent une justification. Je
déteste cela!


Vous n'avez pas non
plus à vous justifier, comme c'est le cas lorsque l'on
commet des erreurs.

Le clip " Libertine " a d'ailleurs été
censuré en Allemagne. Quelle hypocrisie ! J'ai
déjà vu des films pornographiques sur la
chaîne allemande.


Je n'ai encore
jamais eu l'honneur de me faire censurer !

Cela m'étonne.


Ma famille
considère mes livres comme pornographiques. Vous savez, la
Belgique est aujourd'hui encore un pays du 19ème
siècle. De plus, je descends d'une famille aristocratique et
catholique extrêmement conservatrice.

Votre famille vous repousse-t-elle ?


Précisément.
A l'exception de mes parents qui acceptent mes ouvrages. Mon
père fut diplomate pour que nous vivions en Asie. Vous
savez, ma famille ne fut pas fière de son agissement durant
la seconde guerre mondiale. Je peux remercier mes parents d'avoir
passé mon enfance en Extrême-Orient.
Lorsqu'à 17 ans je suis allée, pour la
première fois, à Bruxelles, je fut
marquée par la consternation des gens à
l'évocation de mon nom. Aujourd'hui encore, les Nothomb
jouent un rôle important dans la vie politique belge, mais je
reste en dehors de cela.

Votre père n'est pas également artiste ?


En effet, il est
ambassadeur le jour et interprète de nos chants
médiévaux le soir

Merveilleux ! C'est une musique mystérieuse, captivante.


Le plus court dure
4 heures. Lorsque nous étions enfants, nous devions
écouter l'intégralité de ces drames et
ceci à genoux. Aujourd'hui, nous sommes autorisés
à nous asseoir et même à nous assoupir.
Combien de fois avons-nous écouté papa chanter le
dimanche !

Je m'ennuyais
terriblement, d'autant plus que je ne comprends que le japonais moderne.

Les rapports que j'entretiens avec ma famille sont
complètement différents. Bien entendu, je reste
en contact avec elle, mais nous communiquons très peu. Je
présume qu'elle doit être fière de mon
succès. Mon père n'est plus de ce monde, il est
décédé avant le début de ma
carrière, lorsque j'avais 21 ans.
Je n'ai reconnu que plus tard à quel point il avait
compté pour moi. Avec qui vivez-vous ?


Avec ma
sœur Juliette, un être hors du commun.

Enfants, nous
étions comme les deux doigts de la main et toutes deux
anorexiques. Je fus seule à m'en sortir. Elle a
cessé de grandir à 16 ans.


Aujourd'hui,
à 31 ans, c'est encore une enfant. Elle refuse tout contact
social et intrusion dans notre appartement sous peine de hurler. Elle
ne veut que ma présence.

Pour ma part, je vis à Paris avec mon singe capucin.
Pensez-vous éprouver un jour le besoin de quitter votre
sœur ?


Non, car je n'ai encore jamais ressenti le besoin de me marier et
d'avoir des enfants. De plus, j'ai une vie sentimentale que l'on peut
qualifier de normale, en dehors de chez moi. Ceci me permet de mener
une existence quelque peu aventureuse qui me plaît.
Me perpétuer est une chose qui me paraît, pour
l'instant, inimaginable. Pourtant j'aime les enfants.

L'écriture
est pour moi plus facile comparée à d'autres
choses de la vie.

Mais elle vous paraît également torturante. J'ai
cru comprendre que vous n'étiez créative que
lorsque vous avez la sensation du froid.


C'est exact. Le
froid s'installe tout naturellement en moi lorsque j'écris.
La température de mon corps chute. Je ne suis pas
habituellement aussi frileuse, mais lorsque j'écris, je
m'enveloppe de longs manteaux de laine. Je porte même un
bonnet. Le froid m'est très
désagréable, mais le désir
d'écrire prédomine.

On dit pourtant que le désir et le tourment ne sont pas
compatibles.


Je vis constamment
dans ce mystère et j'écris chaque jour durant
quatre heures au moins.

Est-il vrai que souvent vous ne dormez que trois, quatre heures ?
J'imagine à quel point vos angoisses sont liées
à vos nuits Cela doit être éprouvant.
L'écriture est un remède à la solitude.




L'insomnie ne me
gêne pas, par contre, la tentative vaine de trouver le
sommeil, oui. Ce qui est horrible, ce sont les pensées qui
surgissent dans ces moments-là.

Je connais ça aussi : le heurt de pensées
différentes, à la limite de la folie.


Surtout que nous
possédons toutes deux une fantaisie quelque peu morbide.
Lorsque je ne trouve pas le sommeil, toutes mes pensées
tournent autours de la mort et de cadavres. C'est insupportable !


Je suis convaincue
d'avoir choisi l'écriture pour échapper
à cette horreur. Je ne souffre plus lorsque
j'écris. Le fait même d'écrire
m'apporte une plaisir formidable. Les passages les plus dramatiques d'
"Hygiène de l'Assassin", où Pretextat Tach
étrangle sa jeune compagne de ses propres mains m'ont fait
éclater de rire.

Ces passages n'apparaissent que plus cruels et plus
inquiétants !


On m'a
qualifiée de sadique. Est-ce vrai ? Certainement pas dans la
vie de tous les jours.

Je ne vous considère pas comme une sadique. Vos livres
dérangent et c'est pour cela qu'ils me plaisent. Ils font
naître dégoût et angoisse, des
réactions très vivantes. Dans mon travail, la
mort est un thème très important. Elle fait,
après tout, partie de notre existence.


J'ai eu l'occasion
de vous voir dans une émission dans laquelle vous aviez le
choix des reportages. Vous aviez retenu des images de cadavres et de
corps sans tête. C'était très courageux.

(Elle rit)
Je voulais exprimer la beauté qui se trouve dans la violence
et l'horreur. C'est pourquoi j'ai choisi deux reportages sur les
exécutions.
Une exécution est, bien entendu, répugnante et
cruelle, mais il s'en dégage une réelle force.
Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens.


Vous aviez alors
affirmé éprouver de la joie en voyant ces images.

C'était peut-être maladroit. Il faut faire
attention à ce que l'on dit et songer aux
conséquences possibles. Même la mort d'un proche
peut être fascinante. Voir cette personne morte me parut
presque un spectacle. Suis-je morbide ou vais-je au-delà de
ça ? Est-ce une preuve d'amour ? Je ne sais pas.


On sent depuis peu
en vous une influence tibétaine. Que s'est-il
passé ?

Je n'ai pas beaucoup travaillé pendant trois ans, j'avais
besoin d'oxygène, c'est pour cela que j'ai voyagé
aux Etats-Unis, mais le lieu n'a pas d'importance. Là-bas,
par hasard, j'ai trouvé un livre tibétain
traitant de la vie et de la mort. J'ai tiré quelques
vérités de cet enseignement bouddhiste,
à savoir qu'il y a une vie après la mort. Cette
idée m'est devenue familière. Ce livre
était un baume.


Vous n'avez plus de
doutes aujourd'hui ?

Je refuse aujourd'hui l'angoisse que me crée la
pensée de la mort. Je me dis qu'il existe effectivement une
vie après la mort. J'ai changé de philosophie.


On le devine dans
votre dernier album " Anamorphosée ". A propos
d'immortalité, la notoriété d'un
écrivain n'est pas comparable à celle d'une
chanteuse. Ma notoriété est supportable, voire
amusante. Mais votre gloire doit prendre des proportions
considérables. Il paraît que des fans dorment
devant votre porte. Comment vivez-vous cela ?

Je dédramatise. Je ne le supporte qu'ainsi.


Et quelle est
l'histoire de ce meurtre ?

Ce fut très douloureux. Un
déséquilibré voulant me rencontrer fit
irruption dans ma maison de disques, tirant autour de lui avec sa
carabine. Il tua le standardiste âgé de 28 ans. Ce
fut un des événements les plus marquants de ma
vie.


Tournerez-vous
à nouveau un film avec Laurent Boutonnat ?

Je l'ignore. L'échec de "Giorgiono" a
été douloureux pour Laurent.


Puis-je vous faire
part d'un rêve ? Plusieurs producteurs souhaitaient adapter "
Hygiène de l'Assassin ". A ce jour, tous les projets ont
avorté. Je souhaiterais que Laurent Boutonnat adapte le film
et que vous interprétiez le rôle de la journaliste.

Je n'ai offert vos livres que récemment à
Laurent, mais je vais lui parler de votre souhait. Je vous le promets.

L'article :

Vogue allemand (mars 1996) Mylene10

Vogue allemand (mars 1996) Mylene11

Vogue allemand (mars 1996) Mylene12

Vogue allemand (mars 1996) Mylene13

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Source : http://mylene.net/mylene/mylene-farmer_interview_vogue-allemagne_mars-1996
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MessageSujet: Re: Vogue allemand (mars 1996)   Vogue allemand (mars 1996) EmptyMar 21 Déc - 16:43

Merci pour l'interview en allemand !
J'avais acheté l'interview en français grâce à un numéro de L'instant mag...
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MessageSujet: Re: Vogue allemand (mars 1996)   Vogue allemand (mars 1996) EmptyMer 22 Déc - 19:46

ah la chance! tu l'as acheté il y a longtemps?
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MessageSujet: Re: Vogue allemand (mars 1996)   Vogue allemand (mars 1996) EmptyJeu 23 Déc - 9:23

Oui, il y a au moins 5 ou 6 ans !
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MessageSujet: Re: Vogue allemand (mars 1996)   Vogue allemand (mars 1996) EmptyJeu 23 Déc - 20:38

d'accord je ne connaissais même pas les écrits d'Amélie. Elle oui, de" vue", mais c'est tout.
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