Embrassez qui vous voulez
ZOÉ VALDÉS, ÉCRIVAIN, EMBRASSE… AMÉLIE NOTHOMB
Pourquoi elle ?Tout simplement parce que je l’aime. J’aime son intelligence, sa vivacité d’esprit, sa culture, son écriture, son humour. Je la connais peu, mais j’ai tout de suite été séduite par son écriture. C’est quelqu’un avec qui je me sens connectée.
Quel baiser lui avez-vous donné ?Un baiser sur la bouche, parce que c’est une jolie preuve d’amour, et un geste d’une beauté extrême. Nos lèvres qui se rencontrent, c’est un peu comme si son écriture et la mienne s’embrassaient. Et puis, la bouche est très présente chez Amélie. Quand on lit ses livres, c’est comme si on entendait sa voix nous susurrer à l’oreille. Elle a un côté passionnel et charnel.
Votre premier baiser ?À 10 ou 11 ans, j’étais en train de lire Tom Sawyer avec un copain. À Cuba, où je vivais, l’accès aux livres n’était pas évident, on les empruntait à la bibliothèque pour les lire souvent à deux, en même temps. Nous sommes arrivés au moment fatidique où Tom embrasse une fille pour la première fois, et, naturellement, on a voulu faire la même chose. Je me suis retrouvée soudain avec une langue étrangère dans ma bouche. C’était étrange… mais agréable.
Et le plus marquant ?Celui que j’ai donné à ma maman sur son lit de mort. Elle était encore tiède. Je savais que ce serait la dernière fois que je l’embrassais. Elle qui n’était pas bisous du tout…, pour une fois, elle s’est laissé faire sans rien dire.
Votre type de baiser préféré ?Le petit baiser dans le cou. Il me fait toujours frissonner et… j’adore les frissons !
AMÉLIE NOTHOMB, ÉCRIVAIN, EMBRASSÉE PAR… ZOÉ VALDÉS
Pourquoi avoir accepté ?Je tiens à préciser, au nom de ma vertu, que je n’aurais pas accepté avec n’importe qui. Je suis tout sauf une « vas-y que je t’embrasse ». Pour embrasser, il me faut un mélange d’admiration et d’affection… au minimum. Ce qui est largement le cas avec Zoé. Alors j’ai dit oui tout de suite, sans aucune hésitation.
Votre premier baiser ?C’était dans une de ces boums ridicules que l’on donnait à 16 ans à l’époque, un inconnu complet s’est jeté sur moi, pensant certainement que j’étais la seule jeune fille libre de la soirée. Ce fut la stupéfaction sans borne. Je n’en revenais pas que quelqu’un veuille m’embrasser sur la bouche.
Et le plus marquant ?Celui que nous avons échangé avec Florence Godfernaux, mon attachée de presse et ma meilleure amie au monde, au Salon du livre de Paris, en 2002. Je m’en souviens comme si c’était hier. Ce fut très inattendu : tout à coup, nous nous sommes levées et nous nous sommes embrassées sur la bouche, comme ça, sans raison. Ce baiser a été immortalisé par Alessandro Baricco, qui en a fait un poster pour son bureau.
Votre type de baiser préféré ?Le baisemain. Quand j’ai débarqué comme étudiante au Japon, il a fallu que je me trouve un job. J’ai eu l’idée d’apprendre aux chefs d’entreprise japonais à faire le baisemain aux femmes, leur prétendant que les businesswomen occidentales adoraient ça. Pendant un an, j’allais donc de bureau en bureau pour apprendre le baisemain à ces messieurs. Je me suis toujours demandé quelles conséquences ça avait eu ensuite sur leurs affaires… Bref, je trouve que c’est une belle pratique. D’ailleurs, quand j’écris à un homme, je termine toujours ma lettre par : « Je vous tends la main à baiser. »